
Le Grain de Sable
Morgane Vallée
Le Grain de Sable est une cosmologie de l’événement
Un texte sur l’incommunicabilité
Une fuite dans un espace mental
Une introspection collective
Il ne s’agit pas ici de rendre compte d’une analyse intellectuelle d’un fait sociétal complexe et brumeux
Mais d’offrir la déconstruction poétique d’un attentat terroriste
D’un vendredi 13
Il vit désormais dans la mémoire collective, comme un jour marqué au fer rouge.
Quelles en sont, aujourd’hui, les cicatrices ?
Quelles couleurs ?
Quelles formes ?
Sont-elles profondes ?
Discrètes ?
Marquées sur nos corps ou rampantes dans nos cœurs ?
Les plaies sont-elles déjà refermées ou encore béantes et douloureuses ?
Est-ce qu’elles nous définissent ?
Que devons nous faire ?
Que pouvons nous faire ?
TEXTE et MISE EN SCENE Morgane Vallée
DRAMATURGIE Philippe Malone
ASSISTANAT Marion Déjardin
CREATION LUMIERE Eric Dagraça
CREATION SONORE / VIDEO Morgane Vallée
ENREGISTREMENTS Olivier Bernard
SCENOGRAPHIE Etienne Chorain, Louise Granger et Manon Le Bossenec
CREATION PLASTIQUE Marie Arrateig
TRADUCTION Langue des signes française Roméo Hatchi
DISTRIBUTION (maquette) Maxime Atmani, Benjamin Bécasse Pannier, Mathias Bentahar, Eugénie Bernachon, Lucas Dardaine, Marion Déjardin, Hugo Klein, Coralie Méride, Alex Mesnil, Julien Moreau, Lymia Vitte
« S’il y avait un chasseur et que j’étais un lapin S’il y a avait un chasseur et que toi aussi tu étais un lapin
Ou plutôt
S’il y avait un chasseur et que toi tu étais un lapin Et moi Une belette Alors Dès que le canon saillant de son fusil t’aurait en ligne de mire Traçant déjà dans l’air la trajectoire vive et sanglante de son projectile Au moment fatidique de la pression sur la gâchette Je bondirais au devant de ton petit corps frêle et apeuré Je serais aux aguets de son doigt Criminel Chatouillant la détente et je bondirais
Comme une furie Aux devants de ton petit corps Je te jure Vraiment je te jure que je bondirais Interceptant de ma chair la balle assassine je bondirais Ton petit corps frêle Préservé de la barbarie J’aurais vraiment envie de bondir J’aurais vraiment envie de bondir J’aurais vraiment l’idée de bondir au devant de ton petit corps frêle
Dès que je verrais ce chasseur frémir devant sa proie et lever lentement son arme sur ta petite vie Alors Je penserais très fort à bondir J’aurais Au fond de moi Très fort L’idée de bondir
A un moment C’est sûr J’aurais l’idée de bondir J’y penserais très fort Au fond de moi J’y penserais Peut être Peut-être que j’y penserais Quand le canon étincelant visera froidement ton petit corps frêle et apeuré Peut-être que j’aurais l’idée de penser à bondir
Un peu tard Je bondirais peut-être un peu tard La balle sera si jaillissante qu’il sera un peu tard J’aurais l’idée de bondir que ton petit corps frêle culbutera déjà en arrière J’aurais l’idée de Peut-être Bondir que tu giras déjà sur le sol Déjà toute ruisselante Auréolée d’un sang visqueux que je n’aurais pas pensé à bondir
Pas pensé du tout Je ne bondirai pas »
Extrait
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